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updated 7:40 AM UTC, Apr 30, 2024

Entrevue avec le frère John Corriveau OFMCap

John Corriveau – Frère mineur capucin, ministre général de l'Ordre de 1994 à 2006. Depuis 2008, il est évêque du diocèse de Nelson, Canada.

Quels furent les dons de la grâce du Seigneur durant votre service comme ministre général? Et les défis? Comment se présentait et se développait le charisme franciscain de l’Ordre en ce temps-là, et comment l’a-t-il vécu en tant que ministre général? Ce sont ces questions auxquelles le frère John a répondu durant l’entrevue qui s'est déroulée à la curie générale à Rome, en janvier 2017.

« Nous sommes un Ordre de frères – affirme le frère John– et notre incarnation de la théologie de la communion se réalise dans la vie fraternelle. Aujourd'hui, nous sommes vraiment devenus une fraternité mondiale, ce qui est un grand bien. Il y a un autre gain significatif. Les Églises matériellement et économiquement riches sont devenues dépendantes des Églises pauvres, et pour les franciscains dépendre des frères des pays pauvres est une bonne chose.   […] Servir en tant que ministre général a été le plus grand privilège de ma vie. Dans la tradition franciscaine, le ministre général n’est pas celui qui commande tout le monde. Il est successeur de saint François. François n’a jamais été quelqu’un qui gouverne les autres. Il appelait les gens à vivre le Saint Évangile. […] J’ai vu le charisme franciscain se développer beaucoup, durant ces années. Par exemple... rien n’arrive en un an. Cela a débuté en 1982, avec les nouvelles constitutions. Nous avons alors commencé à assimiler l’ecclésiologie du concile Vatican II et à redéfinir l’identité de l’Église dans notre Ordre, dans une optique d’unité. […] De plus, comme Ordre nous avons anticipé l’idée de Jean-Paul II. En 2000, dans la lettre apostolique Nuovo Millenio Ineunte (43), le Pape écrit que nous devons promouvoir une spiritualité de la communion. Sans cette spiritualité de la communion, la structure de la communion serait un faux-semblant, non pas une réalité vivante et réelle. […] Je pense que ce fut vraiment un authentique signe de l’Esprit Saint qui travaille en nous, nous appelant à être qui nous devons être. Cela a eu un fort impact et montré des exemples pratiques dans notre vie fraternelle et dans la façon que nous avons d’être dans le monde. [...] Je pense que nous, capucins, nous pouvons redécouvrir notre charisme dans le monde en le vivant. Saint François n’a pas commencé avec un concept. Il a commencé avec sa relation avec Jésus Christ. Sa relation avec Jésus, sa relation avec le Père l’ont amené à embrasser la vie fraternelle; vie fraternelle qui a toujours été, pour lui, un engagement progressif. C’est aussi vrai pour nous. Nous nous y engageons jour après jour, et puis nous la vivons avec les gens que nous rencontrons. Nous ne développons pas notre charisme pour les gens; nous cherchons à le vivre dans les relations dynamiques entre nous et aussi avec le monde qui nous entoure. La fraternité n’est pas un concept. C’est une réalité vivante. [...] Nous ne sommes pas des fraternités isolées. Nous appartenons à une grande fraternité mondiale de frères. [...] Aucune culture n’a la réponse absolue. La réponse se découvre en écoutant l’autre, et ainsi notre charisme continuera à grandir et fleurir dans le monde. Mais cela n’est pas notre travail… c’est le travail du Saint-Esprit qui agit en nous, nous façonnant dans la vie de Jésus Christ selon la vision de saint François. Et je crois que cela réussit parce cela ne vient de nous, mais est le travail de l’Esprit Saint au milieu de nous. [...] Je vis ma vocation comme évêque cherchant à être ce que je suis. [...] Je cherche à être fidèle à l’appel, continuant à être un frère. Je crois que c’est là mon devoir : apporter mon être-frère à l’assemblée des évêques. Ma vocation consiste à être frères de différentes façons. [...] Et à la fin... continuer à vivre la fraternité dans le monde. Quand nous vivons dans la dynamique relationnelle, la Trinité qui est mystère de relation divine, qui nous appelle alors à être encore plus profondément en relation entre nous. Plus nous entrons véritablement en relation entre nous et avec le monde qui nous entoure, plus profondément nous pénétrons dans le mystère de Dieu. Alors, continuons à développer ce don que nous avons reçu afin que notre Ordre soit une fraternité observant le saint Évangile dans le monde. »

Dernière modification le jeudi, 23 février 2017 02:46